Analyse du cycle de vie et réduction du carbone intrinsèque dans la construction de bâtiments (1/2)

Analyse du cycle de vie et réduction du carbone intrinsèque dans la construction de bâtiments (1/2)

Saviez-vous que le carbone intrinsèque est émis avant qu’un bâtiment ne soit opérationnel et qu’il peut être considérablement plus élevé que le carbone opérationnel ?

Le carbone intrinsèque est la somme des émissions de gaz à effet de serre associées aux matériaux et résultant du processus de construction d’un bâtiment tout au long de son cycle de vie.

Celui-ci peut être estimé en effectuant une analyse du cycle de vie complète du bâtiment (ACV), qui est une approche systématique utilisée afin de déterminer et de quantifier les impacts environnementaux d’un produit sur l’ensemble de son cycle de vie. Cette évaluation prend en compte différents facteurs comme la consommation d’énergie, l’utilisation de ressources non renouvelables, les émissions de GES, la consommation d’eau et la production de déchets.

L’analyse du cycle de vie d’un produit, d’un bâtiment ou d’une infrastructure permet non seulement de quantifier les émissions de GES, mais également d’obtenir de l’information sur les autres impacts environnementaux comme la destruction de la couche d’ozone, l’acidification des sols et de l’eau, l’eutrophisation, la production de smog et la consommation d’énergie non renouvelable.

Une analyse du cycle de vie d’un bâtiment comprend donc l’évaluation du carbone intrinsèque (avant/pendant la construction) et du carbone opérationnel (consommation énergétique lorsque le bâtiment est en exploitation).

Devant les enjeux climatiques, la gestion du carbone intrinsèque encourage l’innovation dans les matériaux, les technologies et les méthodes de construction, stimulant ainsi la recherche pour concevoir des solutions plus écologiques.

Agir en priorité au moment de la conception

Les mesures établies en phase de conception comme le choix des matériaux, les caractéristiques du projet, les technologies visées, les processus de fabrication, etc., exercent une grande influence sur l’intensité du carbone. Ces décisions peuvent affecter jusqu’à 80 % des impacts d’un projet sur l’environnement et la société.

Parmi les chef de file dans le domaine, Toronto est devenue le 10 mai 2023 la première juridiction nord-américaine à exiger des matériaux de construction à faible teneur en carbone, limitant l’intensité initiale des émissions intrinsèques découlant de la construction de nouveaux bâtiments municipaux — émissions associées à la fabrication, au transport et à la construction de grands systèmes structuraux et d’enveloppe — à moins de 350 kg CO2e/m2. De plus, le Vancouver Climate Emergency Action Plan a pour objectif de réduire de 40 % le carbone intrinsèque d’ici 2030 et la ville d’Edmonton exige désormais une ACV pour la construction des bâtiments municipaux.

Avec la Stratégie pour un gouvernement vert, le gouvernement du Canada s’est engagé, par l’entremise d’une nouvelle norme entrée en vigueur le 31 décembre 2022, à réduire l’impact environnemental des matériaux de construction structuraux en divulguant la quantité de carbone intrinsèque généré par les grands projets de construction fédéraux. L’application de cette norme se fait selon différents seuils d’envergure et a pour objectif de réduire les émissions liées à la structure de 30 % d’ici 2025.

À suivre dans un prochain billet…


Photo de couverture : Le poste de police de la Sûreté du Québec à Rimouski, réalisé par CIMA+, atteint des performances 40 % supérieures à l’ASHRAE 90.1-2010.

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