Analyse du cycle de vie et réduction du carbone intrinsèque dans la construction de bâtiments (2/2)

Analyse du cycle de vie et réduction du carbone intrinsèque dans la construction de bâtiments (2/2)

Un récent billet a permis d’expliquer la pertinence de réduire le carbone intrinsèque dans la construction des bâtiments, dans une optique de lutte aux changements climatiques. La suite de ce texte présentera plus concrètement comment y parvenir.

De quelle façon une ACV peut-elle aider à cibler les meilleures mesures de réduction ?

Les résultats de l’analyse du cycle de vie servent à cibler des stratégies de réduction spécifiques aux paramètres d’un projet. Suivant les processus normalisés ISO 14040 et 14044, les résultats permettent notamment à l’équipe de développement durable d’identifier les matériaux de construction les plus émetteurs et d’évaluer des scénarios de remplacement.

Les résultats permettent également de quantifier les émissions de GES par phase du cycle de vie : de la production des matériaux (A1-A3) à la construction du bâtiment (A4-A5), à son utilisation (B1-B7) et jusqu’à la fin de vie (C1-C4), tout en considérant les bénéfices au-delà du cycle de vie (D).

Stratégie de réduction dans la conception de structures de bâtiment 

Les professionnels du génie-conseil sont en bonne position pour influencer positivement la réduction des émissions de GES en raison de leur implication à différentes étapes des projets.

Les stratégies de réduction peuvent être regroupées sous quatre grandes catégories :

  1. Rénover l’existant
  2. Repenser la conception (réduire, réutiliser et changer le type de matériaux)
  3. Exiger des matériaux à plus faible empreinte
  4. Réduire la distance d’approvisionnement

Voici quelques exemples de mesures permettant de réduire le carbone intrinsèque :

  • Spécifier dans les devis que l’on doit utiliser des bétons contenant des produits de remplacement du ciment Portland comme la fumée de silice, le laitier de hauts fourneaux, les cendres volantes, la poudre de verre et le ciment Portland au calcaire (GUL).
  • Réutiliser les structures existantes dans les bâtiments.
  • Choisir des matériaux respectueux de l’environnement comme du bois provenant de sources durables, des matériaux recyclés ou du béton à faible émission de carbone.
  • Privilégier l’utilisation de matériaux assortis de Déclarations environnementales de produit contenant de l’information détaillée sur les impacts du cycle de vie, ce qui facilite la comparaison entre différentes solutions de rechange en matière de produit.
  • Optimiser la conception de l’aménagement et de la structure du bâtiment afin de réduire la quantité de matériaux nécessaires à la construction.

La réalisation d’une analyse du cycle de vie d’un bâtiment peut présenter plusieurs défis significatifs.

Données sur les matériaux : Il peut être difficile d’obtenir des données exhaustives et exactes sur les matériaux qui prennent en compte les émissions sur l’ensemble de leur cycle de vie, d’où l’avantage de privilégier des matériaux assortis de Déclarations environnementales de produits.

Inventaire des matériaux : Le défi réside dans le fait que l’inventaire porte sur une multitude de matériaux répartis dans différents systèmes constructifs d’un bâtiment. L’utilisation d’un modèle 3D Revit facilite le relevé d’inventaire en donnant une représentation visuelle complète du bâtiment, ce qui permet d’identifier les matériaux composant le bâtiment de façon plus précise et méthodique.

Incertitudes : Comme toute analyse fondée sur des modèles et des données, il y aura toujours une certaine marge d’incertitude dans les résultats. Il est important de bien gérer ces incertitudes et de communiquer les limitations de l’analyse de façon appropriée.

Sensibilisation et engagement des parties prenantes : Convaincre toutes les parties prenantes de l’importance de l’analyse du cycle de vie et les impliquer activement dans le processus peut être un défi, surtout si cela entraîne des coûts initiaux supplémentaires ou des changements dans les pratiques habituelles de construction.

Logiciels d’ACV : Il existe différents logiciels pour réaliser des analyses de cycle de vie, mais les résultats varient beaucoup, puisqu’ils n’utilisent pas les mêmes bases de données ni la même méthode de quantification des matériaux. Il peut être difficile de comparer les ACV effectuées à l’aide de ces divers logiciels.

Malgré ces défis, les professionnels du génie-conseil possèdent l’expertise nécessaire pour mener des analyses du cycle de vie rigoureuses et contribuer à réduire le plus possible le carbone intrinsèque lors de la construction de bâtiments, sans augmenter les coûts de construction.


Photo de couverture : Le Centre intégré de cancérologie (CIC) du CHU de Québec-Université Laval, pour lequel les firmes CIMA+ et Stantec ont réalisé la structure de ce bâtiment, le plus grand centre de cancérologie au Québec.

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