Affaires publiques
12 avril 2022
Le 1er avril dernier, les architectes et les ingénieurs du secteur privé qui conçoivent nos écoles, nos hôpitaux et nos infrastructures de transport ont « célébré » un bien triste anniversaire. À cette date, exactement 13 années s’étaient écoulées depuis la dernière indexation des taux horaires maximums fixés par le gouvernement pour les services professionnels d’architecture et d’ingénierie dans le domaine des contrats publics.
La situation est dénoncée depuis plusieurs années par l’AFG et l’Association des Architectes en pratique privée du Québec (AAPPQ).
Mais nous ne sommes pas les seuls à dénoncer la situation. La semaine dernière, le Conseil du patronat du Québec (CPQ), la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) et PMI-Montréal se sont joints à nous pour signer une lettre ouverte (à laquelle j’ai emprunté le titre pour ce billet). Ces groupes (et bien d’autres encore) font le même constat que nous : une indexation des taux horaires est nécessaire.
Sans détour, cette lettre publiée par Le Soleil, Les Affaires et le Journal de Montréal demande une indexation urgente des taux horaires pour les services offerts au gouvernement par les architectes et les ingénieurs du secteur privé.
La demande est raisonnable et tout à fait justifiée : obtenir une rémunération juste, équitable et compétitive pour nos professionnels de l’architecture et de l’ingénierie.
Au fil des ans, différentes raisons ont été invoquées pour justifier le refus ou le report de l’indexation. Dès mon entrée en fonction en juin dernier, j’ai été en mesure de constater que le dossier était bien loin dans les priorités du gouvernement.
Pourtant, l’indexation de la rémunération de nos professionnels relève d’une simple question de gros bon sens… Les mêmes taux horaires gelés pendant 13 années? Aucune industrie ne peut accepter ou supporter ce traitement injuste, surtout dans le contexte d’inflation que nous connaissons.
Depuis la dernière indexation des taux horaires en 2009, le coût de la vie basé sur l’inflation a augmenté de 21,4 % (IPC Québec). De plus, comme partout ailleurs, la rareté de main-d’œuvre exerce une très forte pression sur les salaires. La marge de manœuvre des firmes de services professionnels est réduite au minimum et des mandats sont même réalisés à perte.
Quel est l’objectif derrière ce gel extraordinairement long des taux horaires? Quel est l’horizon pour corriger la situation? Le Conseil du trésor ne donne aucune indication.
Les professionnels de l’architecture et de l’ingénierie sont exaspérés. Certains refusent désormais les mandats à taux horaires. D’autres encore priorisent des clients qui offrent de meilleures conditions, dans le secteur privé ou hors Québec. Si la tendance se poursuit, la situation affectera la capacité des ministères et organismes à réaliser des projets importants pour la population.
De plus, la situation n’encourage pas l’innovation, le développement durable et la recherche de nouvelles solutions pour faire face aux changements climatiques, alors que ce sont parmi les principaux objectifs de la nouvelle stratégie des marchés publics et du projet de loi 12 présentés par la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel.
À suivre…