Meilleures pratiques
15 septembre 2016
Le mardi 13 septembre, Les Affaires présentait la conférence Infrastructures et grands projets, à laquelle avait été conviée une impressionnante brochette de dirigeants de l’« écosystème » de la construction au Québec, y compris le ministre de l’Infrastructure et des Collectivités du Canada, Amarjeet Sohi.
Je participais moi-même à une table de discussion sur le thème de la confiance. J’y reviendrai certainement sur ce blogue, mais dans un premier temps, j’aimerais partager certaines des initiatives positives entendues au cours de la journée.
Ève-Marie Lefort, gestionnaire de contrats, et Jean-Marc Venne, directeur du projet de la Place Bell à Laval, sont parvenus à bâtir une relation de confiance avec leurs fournisseurs en misant sur une implication remarquable dans le projet, une communication transparente et des outils simples et efficaces de suivi des décisions. Un projet réalisé dans une approche de partenariat axé sur les solutions et l’optimisation. Un véritable concentré de bonnes pratiques probablement applicables à des projets de toutes les tailles…
Lionel Perez, membre du comité exécutif et responsable des infrastructures à la Ville de Montréal, nous a informés que les délais de paiement sont passés de 90 jours en 2013 à 55jours environ aujourd’hui. C’est une belle progression et la Ville poursuit l’objectif de ramener ce délai à 30 jours. Voilà une excellente initiative dont d’autres donneurs d’ouvrage pourraient certainement s’inspirer!
M. Perez a aussi abordé la notion de planification intégrée, qui consiste à coordonner efficacement les travaux de multiples intervenants (CSEM, Bell, Gaz Métro, Hydro-Québec, etc.) lors d’un projet d’infrastructure. De plus, des mesures sont prises pour rendre les chantiers plus agréables pour la clientèle lors de projets touchant des rues commerciales, par exemple Saint-Denis. Encore là, ce sont des efforts très positifs à souligner.
Autre bonne nouvelle : depuis le 1er septembre 2016, la Ville de Montréal a des nouveaux devis harmonisés pour la construction. L’AFG, parmi d’autres, avait été consultée dans ce dossier. Nos suggestions n’ont pas toutes été retenues, mais nous avons eu l’occasion de faire valoir notre point de vue et d’identifier certains éléments à améliorer. On ne peut que souligner le sérieux de la démarche. Nous sommes d’ailleurs très enthousiastes à l’idée de pouvoir participer au même exercice pour les devis de services professionnels…
Luc Meunier, président-directeur général de la Société québécoise des infrastructures (SQI), a insisté dans sa présentation sur l’importance pour un donneur d’ouvrage d’avoir toute l’expertise nécessaire pour intervenir intelligemment avec ses fournisseurs. L’AFG est entièrement d’accord sur les bénéfices de faire affaire avec des clients « experts », qui sont en mesure d’évaluer les approches et les solutions proposées. La SQI constitue d’ailleurs un donneur d’ouvrage exemplaire à cet égard, de même que pour le mode d’octroi des contrats, la concertation avec les intervenants de l’industrie, et la recherche de qualité et d’innovation. Sur ce dernier point, à noter que la SQI vise d’adopter le BIM 7D (maintien des actifs) d’ici 2021, une implantation progressive qui contribuera à combler le retard du Québec dans ce domaine.
Daniel Genest, directeur de la coordination pour Signature sur le Saint-Laurent, a affirmé que dans un projet d’envergure comme celui du nouveau Pont Champlain, les gens sont la clé du succès. Le consortium a fait en sorte de recruter les meilleures ressources pour former une équipe de projet très solide, avec beaucoup d’expérience. Une belle démonstration de notre savoir-faire et la bonne approche pour livrer un projet de qualité.
Caroline Gagnon et Luc Gagnon, à la direction du nouveau complexe hospitalier (NCH) de Québec, ont présenté comment ils sont parvenus, malgré un contexte difficile, à impliquer les employés et à développer leur projet autour des besoins et du bien-être des patients… Probablement un des plus beaux succès de mobilisation autour d’un projet majeur (2 G$) au cours des dernières années au Québec.
Levi Sokou et Abdessadek Chtaini, du Groupe ABS, ont livré leur vision de l’innovation comme composante à part entière de l’écosystème d’un projet, et ont profité de la tribune pour introduire KHEOPS, un nouveau groupe de chercheurs en gouvernance des grands projets d’infrastructure. Une initiative récente qu’il sera intéressant de suivre…
Le mot de la fin revenait au ministre de l’Infrastructure et des Collectivités, Amarjeet Sohi, qui a livré une vision très personnelle de l’impact des infrastructures publiques dans la vie des gens et des communautés : Smart investments in public infrastructure can have a lasting, transformative effect on communities. If it is done poorly, we really feel it, because weak infrastructure is the ennemy of opportunity, enjoyment, sustainability and healthy living.
Bref, une journée remplie d’exemples d’initiatives positives et de réflexions qui laissent croire que nous sommes sur la bonne voie pour adopter les meilleures pratiques dans le domaine des infrastructures publiques. Ceci dit, il y a encore beaucoup de chemin à parcourir et dans un prochain billet, je reviendrai sur certaines améliorations à apporter dans le domaine des contrats publics.