Lettre ouverte
17 septembre 2024
L’Association des firmes de génie-conseil du Québec (AFG) est favorable à la création de Mobilité Infra Québec (MIQ), parrainée par le projet de loi 61, pour la réalisation d’importants projets de transport collectif. Mais la nouvelle agence gouvernementale doit devenir plus qu’un simple bras gouvernemental pour la construction d’infrastructures.
La création de MIQ offre une occasion idéale pour doter le Québec de capacités transformatrices, en mesure de relever les enjeux de mobilité durable au Québec.
Le président et chef de la direction de CDPQ Infra affirmait cette semaine en commission parlementaire que trop de projets de transport collectif au Québec démarrent sans savoir s’ils sont réellement nécessaires.
Le rôle de la nouvelle agence doit s’étendre au-delà des opérations de planification et de réalisation de projets. Elle doit également être en mesure de suivre les tendances mondiales en matière de mobilité durable et efficace, et de surveiller l’évolution des projets québécois en mesurant leurs succès et leurs ratés.
MIQ doit devenir un carrefour de données ouvertes et d’information qui serviront la conception et la construction de la mobilité intégrée de demain, soit l’établissement d’un système de transport multimodal québécois efficace et efficient, et bien sûr intelligent.
Ces données serviront aussi à élaborer des indicateurs de rendement mesurables qui permettront à MIQ d’assurer le suivi des projets en cours et de vérifier l’atteinte des objectifs afin de procéder aux ajustements qui s’imposent, tout en planifiant les projets suivants avec plus de lucidité.
C’est ici que MIQ pourrait s’inspirer du « TERM » européen, le Transport and Environment Reporting Mechanism, ou le bilan sur les transports et l’environnement, lequel prend la forme d’un rapport annuel[1] sur les tendances et les problématiques du système de mobilité en Europe. Il fournit également une évaluation annuelle du secteur des transports, soulignant les progrès réalisés et identifiant les efforts encore nécessaires pour construire un réseau qui répond de mieux en mieux aux besoins de la population et aux impératifs environnementaux.
En somme, MIQ pourra passer d’un modèle anciennement axé sur le gonflement aveugle de l’offre (plus de routes, plus de transports collectifs, plus d’autoroutes plus larges, plus de véhicules, etc.) à un modèle plutôt basé sur la demande et les besoins réels, reflétés par les données acquises et analysées grâce à la technologie et la collaboration interdisciplinaire de tous les acteurs.
Après tout, rappelons que la Stratégie québécoise en infrastructures publiques vise, entre autres, à moderniser les façons de faire du gouvernement pour mieux adapter ses interventions aux réalités d’aujourd’hui. L’AFG propose justement que MIQ exploite les avancées technologiques et le savoir-faire du génie-conseil québécois pour la mise en place d’un système de transports qui se veut holistique, efficace et souple, des conditions incontournables pour soutenir l’économie, la lutte aux changements climatiques et la qualité de vie.
Bernard Bigras
Président directeur-général
Association des firmes de génie-conseil du Québec
[1] Rapport produit par l’Agence européenne pour l’environnement, ou l’AEE.