Affaires publiques
7 avril 2016
Le gouvernement du Québec a dévoilé aujourd’hui à Montréal la Politique énergétique 2030, intitulée L’énergie des Québécois – Source de croissance. Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, était présent, de même que les ministres Pierre Arcand, David Heurtel, Dominique Anglade et Geoffrey Kelley. Dans la salle, de nombreux représentants du milieu des affaires et de groupes environnementaux étaient réunis pour découvrir ce document très attendu.
La nouvelle politique énergétique fixe des cibles très ambitieuses qui commandent un véritable virage dans nos habitudes de consommation aux niveaux de la population, des entreprises et des institutions.
– Améliorer de 15 % l’efficacité avec laquelle l’énergie est utilisée
– Réduire de 40 % la quantité de produits pétroliers consommés
– Éliminer l’utilisation du charbon thermique
– Augmenter de 25 % la production totale d’énergie renouvelable
– Augmenter de 50 % la production de bioénergie
Aujourd’hui, environ 47 % des besoins énergétiques des Québécois sont comblés par les énergies renouvelables, et la politique énergétique vise de faire passer cette proportion à 60,9 % en 2030.
Devant la nécessité d’intensifier la lutte contre les changements climatiques, on ne peut que féliciter le gouvernement de mettre de l’avant une vision cohérente en matière de consommation d’énergie.
On peut aussi effectivement y voir une source de croissance (comme son nom l’indique) pour plusieurs secteurs de l’économie. En plus de promettre un rôle de moteur économique grandissant pour Hydro-Québec et une place de choix pour l’électrification des transports, la nouvelle politique énergétique permet d’envisager un potentiel intéressant dans d’autres domaines comme l’efficacité énergétique, le gaz naturel et la biomasse. Pour ce qui est de l’énergie éolienne, le gouvernement la voit comme une solution de rechange aux énergies fossiles dans le nord du Québec.
Le génie-conseil pourrait certainement bénéficier de cette vision du développement énergétique, puisque les firmes de génie-conseil détiennent l’expertise qui sera nécessaire à l’atteinte des objectifs fixés, notamment au chapitre de l’efficacité énergétique et de la réalisation d’infrastructures liées à la production et au transport d’énergies renouvelables.
Ceci dit, le gouvernement n’écarte pas complètement l’exploitation des hydrocarbures, ce qui apparaît raisonnable dans un contexte où ce type d’énergie demeurera essentiel pour plusieurs années encore. La présentation d’aujourd’hui a d’ailleurs pris soin de rappeler les diverses utilisations du pétrole dans la fabrication de nombreux objets de consommation.
Mais il n’en demeure pas moins que comme l’a mentionné le ministre David Heurtel, nous vivons possiblement le « début de la fin de l’ère des hydrocarbures ».
Et pour se donner toutes les chances de réussir la transition énergétique, le gouvernement annonce la création d’un nouvel organisme qu’il décrit ainsi : « un nouveau modèle souple et efficace d’encadrement et de livraison des services offerts en innovation, en efficacité et en substitution énergétiques. Il coordonnera en une seule administration les services et les programmes offerts par les différents ministères et organismes et sera responsable de tous les volets de la transition énergétique, en accord avec les politiques et plans d’action actuellement en cours. » Le gouvernement prévoit investir 4 milliards de dollars dédiés aux activités de cet organisme pour les 15 prochaines années. Un projet de loi doit être déposé ce printemps.
La politique annonce aussi la modernisation du processus d’autorisation des projets pour mieux coordonner les différentes étapes d’autorisations, ce qui est une excellente nouvelle.
Bref, voici une politique énergétique qui s’insère bien dans une vision de développement durable et de lutte contre les changements climatiques, des domaines où l’expertise des firmes de génie-conseil sera grandement mise à contribution au cours des prochaines années.