Affaires publiques
12 novembre 2025
Le 11 novembre, La Presse publiait la chronique Montréal, faites travailler vos ingénieurs!
Nous avons rapidement réagi en proposant une lettre ouverte afin de répondre à cette chronique, à propos de laquelle nous tenions à apporter des rectificatifs. La Presse l’a publiée en début d’après-midi le lendemain. Voici l’intégralité de son contenu (le lien vers l’article se trouve au bas du billet).
Montréal : remettre les faits en perspective sur le génie-conseil
Dans sa chronique du 11 novembre dernier, intitulée « Montréal, faites travailler vos ingénieurs! », Maxime Bergeron a abordé la gestion des contrats de génie-conseil à la Ville de Montréal. Plusieurs éléments présentés dans cet article s’appuient sur une étude que nous jugeons biaisée et qui édulcore la réalité. Nous souhaitons donc apporter quelques clarifications.
Par exemple, pour illustrer l’« explosion » de la valeur des contrats, l’étude de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) a choisi 2012 comme année de référence. Rappelons-nous que nous étions alors au cœur de la Commission Charbonneau, et que les contrats d’ingénierie à la Ville de Montréal atteignaient un plancher historique. Il est donc normal que la fourchette utilisée mette en évidence une augmentation importante des contrats d’ingénierie entre 2012 et 2024. En réalité, cette augmentation correspond à une hausse nécessaire du nombre de projets et à une reprise normale des activités.
La même logique s’applique à l’augmentation des honoraires facturés par les firmes, qui étaient beaucoup trop bas en 2012, plongeant même sous les salaires, une situation totalement anormale qui s’est ensuite corrigée sur plusieurs années.
Attention : il faut prendre conscience que les honoraires facturés intègrent non seulement les salaires des professionnels, mais également l’ensemble des coûts assumés par l’entreprise (assurances, bureaux, logiciels, avantages sociaux, etc.). Pour être équitable, une vraie comparaison entre les taux horaires facturés par des experts consultants et les salaires des ingénieurs municipaux devrait tenir compte des charges supplémentaires qui sont payées par la Ville de Montréal.
Par ailleurs, une étude réalisée en 2021 auprès des grands acteurs de l’industrie de la construction révélait que les municipalités figuraient – et de loin – au premier rang des donneurs d’ouvrage pour lesquels l’intérêt avait diminué, notamment en raison des conditions contractuelles et de la lourdeur administrative. Cette situation explique la conclusion d’ententes-cadres dont il est question dans l’article, une solution efficace pour éliminer des dizaines d’appels d’offres répétitifs et coûteux qui génèrent peu de valeur ajoutée. Fait à noter, l’étude de l’IRIS reconnaît elle-même que ces modes de gestion présentent « des atouts sur le plan de la rapidité et de la flexibilité ».
Enfin, la chronique émet des réserves sur l’estimation des économies potentielles de 40 millions de dollars par année avancée par l’IRIS si la conception des chantiers était rapatriée à l’interne. Nous partageons ce scepticisme, et nous croyons même qu’une telle mesure engendrerait au contraire des coûts supplémentaires.
Nous sommes d’avis que les économies réelles passent plus par l’optimisation des processus, la collaboration et l’évaluation rigoureuse des besoins dès la phase initiale des projets. Ce sont certainement des pistes plus prometteuses pour la nouvelle administration municipale, tant sur le plan de la qualité que de la rigueur budgétaire.
Les firmes de génie-conseil possèdent l’expertise et la capacité nécessaires pour contribuer efficacement à relever les défis liés aux infrastructures. Cela dit, les solutions pour y arriver doivent engager la collaboration de toutes les parties.