Affaires publiques
1 mai 2017
En cette journée de la Fête des travailleurs, différentes activités sont organisées pour célébrer les combats des travailleurs et des travailleuses partout dans le monde.
Au Québec, ce sera probablement l’occasion cette année pour les syndicats de faire la promotion du salaire minimum à 15 $ (qui augmente de 0,50 $ aujourd’hui pour atteindre 11,25 $ l’heure). Mais ce n’est pas ce qui retient le plus mon attention en ce moment au chapitre des revendications syndicales.
En effet, les médias ont rapporté dans les derniers jours l’intention des ingénieurs de l’État de déclencher une grève générale illimitée le 10 mai prochain.
À la table des négociations, l’Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec (APIGQ) représente 1400 ingénieurs syndiqués du gouvernement, qui travaillent en majorité au ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des Transports (MTMDET).
À première vue, on pourrait penser que les firmes de génie-conseil ont de quoi se réjouir, puisque la grève pourrait engendrer des contrats supplémentaires afin de réaliser des travaux.
Ce n’est toutefois pas mon point de vue. Nous avons déjà vécu des situations similaires dans le passé, et habituellement personne n’en sort vraiment gagnant.
Le syndicat demande notamment que les chargés de projets au gouvernement détiennent une expertise comparable à celle des consultants avec lesquels ils travaillent sur les projets d’infrastructure. Sans être au fait du détail des négociations en cours, il apparaît tout de même que cette revendication de l’APIGQ rejoint à un certain niveau les préoccupations du secteur privé. En effet, même si embaucher des experts au gouvernement pour chaque expert dans le secteur privé serait nettement exagéré et inefficient, l’idée d’augmenter l’expertise des ingénieurs du gouvernement a du mérite. Plusieurs intervenants ont d’ailleurs largement souligné cette lacune au cours des dernières années.
Dans son mémoire à la Commission Charbonneau, l’AFG avait également émis cette opinion :
Le donneur d’ouvrage se doit d’être un client avisé, doté de compétences techniques et administratives appropriées, lui permettant d’exercer avec efficacité la gestion et le contrôle des mandats confiés à une expertise externe.
Cette notion d’équilibre est bénéfique à toutes les parties, car la réalisation de projets d’infrastructure publique est complexe ; l’ingénieur‐conseil gagne à interagir avec des clients compétents, et vice‐versa, pour maximiser l’émulation dans la recherche de solutions optimales.
Dans la perspective du mandat de la Commission, cet équilibre entre professionnels internes et externes comporte aussi un bénéfice sur le plan du contrôle, de l’imputabilité et de l’intégrité des processus (« checks and balances »), qu’il est généralement prudent et légitime de rechercher.
L’AFG appuie assurément l’idée d’une fonction publique compétente. À l’instar de l’APIGQ, nous souhaitons aussi que le travail des ingénieurs, comme premiers responsables de la sécurité de la population et de l’environnement dans notre société, soit reconnu à sa juste valeur. Ça vaut autant pour les ingénieurs du secteur public que du secteur privé.
Nous espérons donc que le gouvernement et les ingénieurs de l’État pourront trouver un terrain d’entente rapidement, pour que tout le monde puisse collaborer dans les meilleures conditions possibles au succès des projets.