Affaires publiques
13 août 2025
Dans la section Opinions de La Presse, j’appelle à faire de la gestion de l’eau un enjeu central des prochaines élections municipales au Québec.
Inondations, ruissellements, débordements… Les municipalités doivent agir dès maintenant avec des mesures préventives fortes : gestion des eaux pluviales, bassins de rétention, aménagements durables.
Les professionnels du génie-conseil apportent des solutions innovantes, locales et conformes aux normes environnementales. L’expertise est là — il est temps de l’intégrer aux décisions politiques.
Voici le contenu de cette lettre, dans son intégralité:
À bien des égards, nos villes traversent aujourd’hui une période de pression inédite dans l’histoire urbaine. La crise du logement, les effets bien réels des changements climatiques et la dégradation progressive de nos infrastructures mettent nos milieux de vie à rude épreuve.
Dans quelques semaines, les citoyens de plus de 1100 municipalités du Québec seront appelés aux urnes. Comme à chaque scrutin municipal, les candidats présenteront leurs engagements, tous aussi cruciaux les uns que les autres. Mais au-delà des thèmes traditionnellement abordés, un enjeu fondamental mérite enfin toute l’attention qu’il exige : la gestion de l’eau.
Ce sujet, encore trop souvent relégué à l’arrière-plan lors des campagnes électorales, est pourtant au cœur de nombreux défis urbains contemporains. La gestion des eaux usées, potables et pluviales est devenue un enjeu à la fois social, environnemental, sécuritaire et économique.
Il ne s’agit plus seulement de fournir un service de base : il en va désormais de la résilience de nos villes, de leur capacité à proposer un milieu de vie sécuritaire et de la pérennité de leur développement.
Selon le Centre d’expertise et de recherche en infrastructures urbaines (CERIU), il faudrait investir 49 milliards de dollars – uniquement au Québec – pour remplacer toutes les infrastructures en eau et de voirie jugées à risque critique de défaillance. Ce chiffre, aussi impressionnant qu’alarmant, met en lumière l’ampleur du « déficit d’entretien » dont nos réseaux souffrent depuis trop longtemps. Il freine également de nombreux projets immobiliers, faute de capacité adéquate, et ce, dans un contexte où la crise du logement s’intensifie.
Les impacts des changements climatiques ne font qu’accentuer l’urgence d’agir. La multiplication des événements extrêmes – notamment les inondations – nous force à revoir notre approche en matière d’aménagement urbain. En 2025, il est temps de reconnaître que l’élargissement d’une conduite ne saurait suffire à résoudre les problèmes structurels liés à la gestion de l’eau. Il faut adopter une approche intégrée, durable, et tournée vers l’avenir.
Le développement d’infrastructures vertes, comme les bassins de rétention temporaire, doit faire partie intégrante de la planification municipale.
Ces solutions permettent non seulement de mieux gérer les eaux de pluie, mais aussi d’atténuer les effets des changements climatiques, tout en bonifiant la qualité de vie dans nos milieux urbains. À cet égard, le gouvernement du Québec invite toutes les municipalités à se doter d’un Plan de gestion des actifs en eau (PGA-Eau) d’ici le 31 décembre 2026. Il s’agit d’une occasion pour repenser nos réseaux avec une vision à long terme.
Rappelons qu’en 2006, une vaste coalition avait été formée pour alerter les décideurs sur le piètre état des infrastructures au Québec. On parlait alors d’un « déficit caché ». Près de 20 ans plus tard, ce déficit est désormais bien visible, et les municipalités sont à un véritable point de bascule. Il revient maintenant aux élus – actuels et futurs – de prendre la pleine mesure de l’enjeu et de faire de la gestion de l’eau une priorité incontournable. Plus que jamais, intégrer la gestion de l’eau dans la campagne électorale dépasse l’avant-gardisme : c’est une urgence incontournable.
Pour consulter l’article sur le site de La Presse : Gestion de l’eau | Le déficit caché de plus en plus visible | La Presse