Lettre ouverte
5 Décembre 2023
Chaque année, le 6 décembre appelle invariablement à un devoir de mémoire collectif. À la veille de cette date qui a marqué le Québec tout entier, nous nous rappelons le chemin parcouru depuis 1989, mais aussi celui qu’il reste à franchir afin de soutenir les femmes au sein d’une société plus inclusive, où l’intégrité et le respect de chacune sont fondamentaux.
À cet égard, promouvoir la représentation des femmes dans la profession d’ingénieur s’avère notamment important.
Depuis sa création en 1920, l’Ordre des ingénieurs du Québec a été dirigé par cinq femmes, qui sont toutes signataires de cette lettre. Si nous prenons la parole en ce 5 décembre, c’est pour souligner qu’au-delà de notre devoir de se souvenir, nous avons aussi le devoir de faire encore mieux.
Nous devons reconnaître que bien des choses ont changé depuis 1989.
La représentation des femmes au sein du génie continue son ascension avec 16 % d’ingénieures parmi les membres de l’Ordre, soit quatre fois plus qu’en 1989. Cette part est appelée à poursuivre sa croissance, puisque les écoles et facultés de génie accueillent une relève étudiante de plus en plus féminine. Il s’agit là d’une progression encourageante, mais qui doit continuer.
Toutefois, il ne suffit plus de souhaiter compter plus de femmes – et, plus largement, une plus grande diversité – dans notre belle profession. Il est temps d’accélérer les gestes qui non seulement les motivent à intégrer les rangs du génie québécois, mais leur permettent de s’y épanouir en toute équité.
Dans une récente enquête de l’Ordre des ingénieurs du Québec, on apprend que près du tiers (30 %) des ingénieures rapportent avoir été victimes de discrimination en milieu de travail. Les membres de la profession appartenant à des groupes minoritaires sont pratiquement autant à en faire la triste expérience (29 %). Voilà un exemple parmi d’autres qui illustre combien les acquis restent fragiles.
Nous devons en faire encore plus, et nous devons le faire vite.
Ce n’est un secret pour personne : les développements technologiques s’accélèrent et transforment notre mode de vie, et le génie est bien souvent au cœur de cette accélération.
L’adaptation aux changements climatiques, la décarbonation, l’intelligence artificielle, voilà seulement quelques exemples d’enjeux et de technologies prometteuses qui définissent de plus en plus notre quotidien. Les défis qui nous attendent sont trop importants. Nous devons rassembler tous les talents – quel que soit le genre ou le groupe d’appartenance – afin de les relever.
Dans sa volonté de s’inscrire dans le dialogue social, l’Ordre œuvre déjà pour favoriser l’épanouissement de chacune et chacun au sein du génie, comme plusieurs partenaires, institutions d’enseignements et employeurs. De nombreux hommes joignent par ailleurs leurs efforts à ceux des femmes afin d’œuvrer collectivement vers cette quête d’équité.
Mais il faut en faire plus, et il faut la participation de tout le monde.
C’est pourquoi nous lançons cet appel en ce 5 décembre.
Nous plaidons en faveur d’un monde plus inclusif, où l’on ne tolère aucune forme de violence, de harcèlement ou de discrimination.
Nous appelons finalement à une société engagée envers le vivre-ensemble, où chacune et chacun peut pleinement apporter sa contribution, car celle-ci est le fondement d’une société prospère.
Sophie Larivière-Mantha, ing., présidente de l’Ordre des ingénieurs du Québec
Kathy Baig, ing., présidente de l’Ordre de 2016 à 2022
Micheline Bouchard, ing., présidente de l’Ordre de 1978 à 1980
Maud Cohen, ing., présidente de l’Ordre de 2009 à 2012
Danielle Zaïkoff, ing., présidente de l’Ordre de 1975 à 1976