Collaborateurs
6 mai 2020
L’autorisation de relance pour les chantiers de construction s’accompagne d’exigences spécifiques en matière de santé et de sécurité au travail, soit des mesures de prévention relatives à la diminution des risques de contamination. Ces spécifications s’inscrivent dans le cadre des articles 51 et 49 de la Loi sur la santé et la sécurité du travail (LSST), soit l’obligation faite à l’employeur et aux travailleurs en regard de la protection de la santé, de la sécurité et de l’intégrité physique. La collaboration de ces deux principales parties prenantes est essentielle au succès de la relance.
Ces mesures se regroupent selon 4 grands types d’interventions décrites ci-dessous.
1. Des mesures dès l’arrivée au chantier
Dès l’arrivée au chantier, il faut procéder à la vérification quotidienne de l’état de santé de tous les travailleurs qui se présentent au chantier à l’aide des trois questions figurant dans le « Guide COVID-19 – Chantiers de construction » de la CNESST. Toute réponse positive à l’une de ces questions fait en sorte que le travailleur doit retourner chez lui immédiatement et contacter le 1 877 664-4545 pour obtenir un test de dépistage.
L’apparition d’un symptôme s’apparentant à la COVID-19 durant le quart de travail nécessite l’isolation de l’employé, le port d’un masque ainsi que le retour à la maison et un appel à Info-COVID pour un test de dépistage.
Ces mesures d’exclusion doivent faire l’objet d’une directive stricte pour toute personne pénétrant sur le chantier (incluant les fournisseurs et autres visiteurs), et être communiquées et affichées.
2. Les mesures de distanciation
Des mesures permettant et favorisant la distanciation à un minimum de 2 m doivent être mises en place de l’arrivée jusqu’au départ du chantier, incluant la distanciation durant les travaux, les déplacements, le travail en équipe, etc. Les espaces partagés (bureaux, salle de repas et pauses, véhicules de fonctions, de transport, guérite, etc.) doivent, eux aussi, donner lieu à des mesures de distanciation. Le taux d’occupation pour ces espaces doit être réduit d’au moins 50 %. L’utilisation de barrières physiques est privilégiée lorsque possible.
Il faut bien évaluer les divers espaces de travail, les locaux, chemins d’accès, accès aux installations sanitaires et éviter toute situation pouvant créer un goulot d’étranglement. Le transport des travailleurs d’un point à l’autre d’un chantier est aussi assujetti aux mesures de distanciation et au taux d’occupation. Le nombre de personnes à l’intérieur des véhicules de fonction et autres véhicules est limité à 2 personnes.
3. Les mesures d’hygiène
Il y a deux catégories aux mesures d’hygiène, soit : l’hygiène personnelle et le nettoyage et la désinfection.
Hygiène personnelle
On retrouve dans cette catégorie le lavage des mains, l’hygiène respiratoire (tousser et éternuer dans son coude, jeter le papier-mouchoir le plus tôt possible après utilisation et se laver les mains), et ne pas se toucher aux visages avec les mains surtout si on porte des gants de travail.
La promotion du lavage des mains avec de l’eau tiède et du savon doit être une priorité sur le chantier. Des essuie-mains ou des serviettes en papier ainsi que des poubelles doivent être disponibles. En cas d’impossibilité d’avoir accès à l’eau et au savon, l’utilisation d’un gel à base d’alcool (60 % et plus), doit être accessible. Le lavage des mains est obligatoire lors des situations suivantes : à l’arrivée et au départ du chantier, avant et après les pauses et les repas, avant de fumer et après le passage aux toilettes.
Nettoyage et désinfection
Le nettoyage des toilettes et lavabos doit être effectué au moins 2 fois par quart de travail, soit : au milieu et à la fin du quart de travail. Les tables de la salle à manger doivent être munies d’une surface facilement lavable (plastique ou surface lisse) et leur nettoyage effectué avant et après chaque utilisation. De plus, le nettoyage de la salle à manger et des appareils (frigo, micro-ondes, chaises, poignées, etc.) doit être fait à la fin de chaque quart de travail.
Dans la liste de nettoyage, il faut identifier toutes les surfaces susceptibles d’avoir été touchées par le personnel (poignées de porte, rampes d’escalier, claviers, téléphones, tiroirs de classeur, dessus de poubelle etc.) ainsi que les espaces partagés (bureaux, véhicules, machinerie, équipements, etc.). Les outils, équipement, véhicule et machinerie doivent aussi être désinfectés à chaque passation, changement d’opérateur ou de conducteur.
Les fréquences de nettoyage et désinfection spécifiées dans le Guide Covid-19 de la CNESST doivent être respectées.
4. Les équipements de protection individuelle
Lorsque la distanciation de 2 m est respectée, il n’y a pas de recommandation de porter un équipement de protection individuelle (ÉPI) spécifique pour se protéger de la COVID-19. Cependant, quand il y a impossibilité de respecter la distance de 2 m, le port d’un masque de procédure et de lunettes de sécurité ou un écran facial descendant sous le menton sont de mise surtout si cette situation dure 15 min. et plus dans un même quart de travail. Ces ÉPI ne doivent cependant pas causer d’autres risques pour les employés. Documentez toutes les mesures de prévention mises en place ainsi que les mesures de suivi quotidiennes effectuées; vous serez ainsi davantage en mesure de répondre aux questions d’un inspecteur et de démontrer votre diligence raisonnable.
À propos de l’auteure : Louise Neveu, CRHA détient un baccalauréat ès sciences de l’Université de Montréal avec concentration en santé-sécurité et un diplôme de deuxième cycle en gestion stratégique de la santé-sécurité, de l’Université de Sherbrooke. Elle jouit d’une longue expérience en santé-sécurité et son parcours est ponctué d’une riche expérience des environnements de travail. Elle a agi à titre de directrice, de conseillère et de chargée de projet SST au sein de plusieurs entreprises, entre autres, des domaines de l’agroalimentaire, de la transformation du bois, des mines, de l’impression et du milieu hospitalier.