Affaires publiques
5 Décembre 2018
L’industrie de la construction se mobilise dans le dossier de la future grappe. Sous la coordination du Conseil du patronat (CPQ) et avec la collaboration d’une Table des partenaires dont fait partie l’AFG, des chantiers de réflexion ont rassemblé sur deux jours 150 participants à Québec et 250 à Montréal pour échanger sur les enjeux communs dans l’industrie de la construction.
Dans l’esprit des grappes sectorielles, ce ne sont pas seulement des entreprises qui étaient présentes, mais aussi des associations, représentants de travailleurs, ordres professionnels, centres de recherche, ministères et organismes gouvernementaux, ainsi que des donneurs d’ouvrage publics et privés. Les participants étaient dynamiques et plusieurs bonnes interventions sont venues de la salle.
Le programme de ces chantiers, qui sont organisés avec le soutien du ministère de l’Économie et de l’Innovation (MEI), était articulé autour de quatre grands thèmes identifiés lors d’une large consultation. J’ai retenu pour vous quelques interventions sur chacun de ces thèmes…
Si on en doutait encore, la pénurie de main-d’œuvre a été confirmée par plusieurs intervenants (La Presse en rajoute ce matin avec des statistiques provenant d’un rapport de la FCEI). Ceci dit, certains affirment que les techniques de préfabrication représentent la voie de l’avenir et offriront une réponse à la pénurie de main-d’œuvre, en plus d’être un atout pour le développement durable en réduisant le gaspillage sur les chantiers (selon un invité en matinée, 40 % des déchets dans les sites d’enfouissement proviendraient de l’industrie de la construction). La préfabrication pourrait aussi être un vecteur d’amélioration de notre bilan en matière de santé-sécurité au travail – un des participants a d’ailleurs affirmé avec conviction que le Québec ne fait pas très bonne figure sur la scène internationale à ce niveau. La formation et la relève des entreprises font aussi partie des préoccupations reliées à ce thème.
Voilà un élément qui fait l’unanimité : il faut s’éloigner de la formule du plus bas soumissionnaire, éviter les modes d’octroi de contrats basés sur le prix uniquement et utiliser des critères de qualité prépondérants dans les appels d’offres. Cette position est cohérente avec le mouvement de mobilisation de l’été dernier contre les modes d’octroi de contrats de services professionnels d’architecture et d’ingénierie axés sur le critère du prix, qui avaient été proposés par le gouvernement précédent dans un projet de règlement. Depuis le retrait de ce projet de règlement au mois d’août, nous poursuivons notre travail au sein d’un sous-comité du Conseil du trésor pour identifier de meilleures pratiques (consultez le dossier spécial).
À ma table, on affirmait que le Québec avait commencé à réduire l’écart avec le reste du Canada et les États-Unis au niveau de l’utilisation du BIM (modélisation des données) et de la conception intégrée (PCI). Si c’est le cas, il s’agit d’une excellente nouvelle! Mais nous devons accélérer l’implantation des technologies dans l’industrie de la construction, dont la productivité stagne depuis de trop nombreuses années.
Autre point de vue intéressant exprimé par un des panélistes sur ce thème : gardons à l’esprit que l’implantation de technologies comme le BIM n’est pas une finalité. C’est un outil. La finalité, c’est de réaliser des ouvrages de qualité, en travaillant en mode collaboratif et en utilisant des méthodes qui contribuent au développement durable.
Une des préoccupations en termes de marché est la possibilité pour les plus petites entreprises de percer alors que les projets (et les risques) sont de plus en plus gros. Il y a quand même des opportunités d’obtenir des contrats en sous-traitance ou de développer des expertises de niche pour les petites firmes. Mais il y a là certainement un défi majeur à relever pour la future grappe. Le financement des infrastructures et l’internationalisation de la concurrence font aussi partie des défis associés à cette thématique.
En résumé, cette première journée de réflexion a permis aux partenaires de la future grappe de s’approprier les défis et problématiques de l’industrie de la construction. C’est un bon départ! Les chantiers se concluront en début d’année : le 28 janvier à Québec et le 30 janvier à Montréal. Surveillez la page www.grappeconstruction.com pour tous les détails.
Photo de couverture, de gauche à droite : Marc Bilodeau, Fédération québécoise des associations d’entrepreneurs spécialisés en construction (FQAESC); André Rainville, Association des firmes de génie-conseil – Québec (AFG); Jean Simard, Association de l’aluminium du Canada (AAC); Guy Paquin, Société québécoise des infrastructures (SQI); Lyne Parent, Association des architectes en pratique privée (AAPPQ); Richard Darveau, Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction (AQMAT).