Édifice Hélène-Desmarais de HEC Montréal

Pour souligner la sortie d’une nouvelle collection de vignettes pour le Manifeste du génie-conseil, l’AFG donne la parole à des professionnel.les sur des projets innovants, créatifs et durables. Dans ce billet, Luc-André Taillon, Ingénieur associé, Directeur des services aux chantiers chez SDK et associés, présente l’édifice Hélène-Desmarais de HEC Montréal.

Le nouvel édifice Hélène-Desmarais de HEC Montréal permet à la clientèle d’affaires et de professionnels de profiter de formations de pointe en gestion en plein centre-ville de Montréal.

D’une superficie de 32 500 m², l’ensemble comportant quatre pavillons abrite 27 salles de cours, un auditorium de 300 places ainsi qu’un centre de conférences et d’événements, une bibliothèque, des aires communes, une cafétéria, un jardin intérieur et un toit-terrasse.

Surveillance des travaux au chantier et défis complexes

En tant que directeur des services aux chantiers, j’ai accompagné notre équipe d’ingénieurs surveillants de chantier à faire face à un lot de défis inhérents à la charpente de ce bâtiment aux volumes audacieux.

La conception a nécessité de relever plusieurs défis structuraux, tant au niveau de la complexité que de la réalisation du projet.

Construire les différents pavillons, avec des fondations qui se situent à des niveaux variables en raison de l’inclinaison de la Côte du Beaver Hall et des bâtiments plus d’une fois centenaires qui les entourent, a entraîné la découverte de nombreuses conditions de site imprévisibles et ce, dès le début de la démolition. Cela s’explique par les multiples modifications subies par les bâtiments existants au fil des siècles.

Un travail de précision

Puisque la structure des quatre pavillons est intimement reliée, mais tout de même indépendante quant à leur comportement sismique, leur charpente respective a nécessité une coordination minutieuse des joints de dilatation, lesquels reposent sur des corbeaux ou des structures ovalisées qui permettent aux différentes parties de l’édifice leur comportement isolé. De la même manière, l’apport en air frais aux différents étages via un puits de mécanique encastré au centre des murs de cisaillement du pavillon principal a impliqué l’ajout de plusieurs ouvertures dans ceux-ci, ainsi que des renforts conséquents par l’ajout d’acier d’armature.

L’asymétrie des planchers au sein de ce complexe, l’inclinaison de ses diverses façades, l’importance donnée à la qualité visuelle du béton architecturale apparent, la structure d’acier angulaire de l’atrium et les divers escaliers ornementaux en béton et en acier sont autant d’éléments qui ont mis à contribution les compétences de chaque corps de métier impliqué dans cette réalisation.

Des travaux en sous-œuvre et un système combiné de fondations conventionnelles et de fondations profondes sur pieux ont été nécessaires pour l’intégration de bâtiments commerciaux centenaires dans l’emprise du projet.

De plus, le dynamitage dans le roc en pente pour les niveaux inférieurs a requis de multiples précautions pour éviter d’endommager la basilique située tout juste à côté.

Les colonnes inclinées ont représenté une bonne part des défis relevés. Aux niveaux inférieurs, la plupart de ces colonnes prennent appui sur des poutres de transfert. Elles sont de double hauteur, exposées aux intempéries et fortement armées. La précision requise pour l’installation des goujons tout en respectant le recouvrement et les chevauchements d’armature est grandement supérieure à celle requise pour un projet normal.

Malgré tous les défis, la structure en béton armé a été érigée à un rythme soutenu, soit un total d’environ 2 500 tonnes métriques d’acier d’armature qui ont été livrée et installées au chantier du centre-ville. Visant une certification LEED Or, ce pavillon est un exemple de développement durable avec ses toitures végétalisées et ses 30 puits de géothermie de 150 mètres forés dans le roc. Le remplacement du stationnement extérieur existant par un stationnement intérieur public réduit les îlots de chaleur. De plus, un parc aménagé remplace le site en friche, pour le bénéfice des résidents et travailleurs du secteur.

Photo de couverture : Édifice Hélène-Desmarais, HEC Montréal. Crédit photo : Ema Peter