Adaptations aux changements climatiques : il y a urgence collaborative

Adaptations aux changements climatiques : il y a urgence collaborative

Bien qu’en matière climatique une année ne fasse pas une tendance, les conditions météorologiques de l’année 2023 nous permettent de nous interroger sur les années à venir. Nous savons sans aucun doute que nous devrons faire face au 21e siècle à des bouleversements climatiques. Même si nous diminuons de manière drastique nos émissions de gaz à effet de serre, les problèmes mettraient des décennies à se résorber. Si nous voulons éviter des crises humaines, financières et environnementales, nous devons donc impérativement d’adapter nos infrastructures.

Allier les plantes et les technologies

Les phytotechnologies sont une des manières rapides et efficaces d’adapter notre environnement immédiat. Il s’agit de divers aménagements qui utilisent de végétaux afin de résoudre des problèmes environnementaux. Toit végétalisé, gestion des eaux pluviales, marais filtrant, bandes riveraines, stabilisation des pentes, phytoremédiation, etc., sont toutes des phytotechnologies. Comme son nom l’indique, c’est une alliance de la technologie et des plantes (les phytos).

Passez au stade supérieur

Ce concept assez récent, il débute dans les années 2000, a été initié naturellement par les biologistes et les personnes œuvrant en horticulture. Ce sont eux qui ont fait connaître et expérimenté ces premières techniques. En 2008, la Société québécoise de phytotechnologie a permis de développer les concepts et de les faire connaître. Toutefois, aujourd’hui si on veut véritablement accélérer la mise en place des techniques d’adaptation environnementales que sont phytotechnologies, il faut une collaboration plus élargie avec les architectes, les ingénieurs, les urbanistes, etc. Malheureusement, il n’existe aucun organisme ou table de concertation qui regrouperaient ces professionnels afin de mieux développer et coordonner les phytotechnologies.

Prenons comme exemple le cas d’un bâtiment. C’est l’architecte qui décidera s’il y aura ou pas un toit vert et des terrasses végétalisés. C’est l’ingénieur qui fera les calculs de charges pour que le bâtiment puisse supporter ces aménagements. C’est l’architecte paysagiste qui concevra les aménagements et l’horticulteur qui les réalisera. Si tous ces professionnels se parlent au tout début du projet, ou suivent de bonnes pratiques collaboratives, on peut éviter bien des coûts et des pertes de temps.

Je rêve donc du jour ou des membres de l’Ordre des architectes, de l’Association des Architectes en pratique privée du Québec, de l’Ordre des ingénieurs, de l’Association des firmes de génie-conseil – Québec, de l’Association des ingénieurs municipaux du Québec, de l’Ordre des urbanistes, de l’Association québécoise d’urbanisme, de l’Association des urbanistes et aménagistes municipaux du Québec, de l’Association des architectes paysages du Québec et de la Société québécoise de phytotechnologie s’associeront dans un vaste chantier afin de permettre une implantation rapide et efficace des projets d’adaptation aux changements climatiques.

Qui prendra le leadership d’une telle concertation? Une de ses associations ou un comité interministériel (logement, santé, municipalités, environnement, etc.)? C’est l’avenir qui le dira. Toutefois, le regroupement de toutes ces forces est urgent, voire très urgent. La situation préoccupante de notre environnement nécessite une collaboration interprofessionnelle rapide et efficace afin de minimiser les drames humains. Bref, il y a urgence collaborative.


Cette lettre ouverte est signée par Bertrand Dumont, horticulteur et Albert Mondor, horticulteur et biologiste. Elle a été transmise à l’AFG et publiée dans les médias. Crédit photo: piranka.