Le BIM au Québec : contrat et collaboration

Le BIM au Québec : contrat et collaboration

Je participais aujourd’hui à la première de deux journées de réflexion sur l’implantation du BIM (Building Information Modeling ou modélisation des données du bâtiment) au Québec. L’événement, réalisé avec l’appui du ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation, a rassemblé environ 200 intervenants : ingénieurs, architectes, entrepreneurs, donneurs d’ouvrage, gouvernement, professeurs, consultants BIM, etc. Tous étaient conviés à faire le point sur l’utilisation de cette façon de faire ici et ailleurs dans le monde et à discuter des obstacles et des attentes face à l’implantation du BIM au Québec.

D’entrée de jeu, Yves Ouellet, le président-directeur général de la Société québécoise des infrastructures (SQI), un des plus importants donneurs d’ouvrage au Québec, a donné le ton en réaffirmant que le passage au BIM était une priorité.

La SQI a pris le leadership dans la transition vers l’implantation du BIM au Québec, inspirée des bons résultats obtenus par des administrations publiques à l’étranger. La SQI utilise le BIM depuis 2016 dans des projets majeurs et constate les effets positifs.

Quelques données ne laissent pas beaucoup de place au doute : la SQI a observé dans les projets BIM une réduction des coûts se situant entre 3 % et 10 %, une diminution de la durée des projets de 7 % à 19 % et un accroissement de la productivité en chantier de 6 % à 18 %.

La SQI souhaite donc que l’industrie prenne rapidement le virage pour que les projets bénéficient notamment d’une productivité accrue et d’une réduction des avenants. De plus, le BIM offre le potentiel d’une plus grande efficience dans l’exploitation des ouvrages sur leur cycle de vie, et l’adoption d’une véritable vision de développement durable.

Bien que le retour sur investissement ne soit pas facile à évaluer pour tous les intervenants, les avantages au niveau du projet sont évidents, tout comme la nécessité de prendre le virage dans l’industrie de la construction. À l’occasion d’une table ronde, plus d’un intervenant ont d’ailleurs insisté sur l’importance de planifier l’implantation du BIM étape par étape, et surtout de ne pas attendre de se voir imposer des livrables pour commencer à travailler en mode BIM. Autrement, il sera déjà trop tard, puisque nous faisons déjà face à une rareté de gestionnaires BIM.

Le dîner a donné lieu à une présentation sur la Chaire Pomerleau sur l’intégration des pratiques et des technologies en construction de l’ÉTS, un précurseur en matière de BIM.

En après-midi, deux ateliers étaient au programme afin d’identifier :

  1. les barrières qui freinent le déploiement du BIM dans l’industrie de la construction; et
  2. les attentes face au BIM.

La formule a donné lieu à des échanges très intéressants par secteur d’activité. Au niveau des barrières, le principal mot identifié est « contrat ». En effet, le cadre contractuel semble faire l’unanimité comme étant la plus importante barrière pour le moment, tout l’environnement d’affaires actuel répondant d’un modèle plus traditionnel.

L’interopérabilité des logiciels, le partage de risque, la main-d’œuvre, la structure des honoraires et le mode de sélection/réalisation comptent aussi parmi les barrières identifiées par les participants, qui étaient visiblement d’accord sur cette question.

Au niveau des attentes, les réponses ont été plus variées. Entre autres, certains ont évoqué une meilleure prise de décisions, une vision de développement durable, une diminution des conflits/litiges et une meilleure qualité de conception/construction.

Mais le mot « collaboration » a été retenu comme la plus grande attente de l’ensemble des parties prenantes face à l’implantation du BIM au Québec. C’est une attente que je partage également, particulièrement dans un contexte où nous devons encore travailler à rétablir la confiance avec les donneurs d’ouvrage. On ne le répétera jamais assez : la collaboration s’inspire de la confiance et génère la réussite des projets. Et c’est un élément intrinsèque au BIM.

Bref, cette première journée était très intéressante et j’anticipe avec intérêt la conclusion de l’exercice, qui consistera à identifier des solutions pour accélérer l’intégration du BIM dans l’industrie de la construction au Québec.

D’ici là, nous devrions obtenir les résultats d’une étude sur le BIM réalisée parallèlement aux chantiers de réflexion, dont nous avons eu un premier aperçu. Je vous tiens au courant!

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