Le succès du BIM, une question d’engagement

Le succès du BIM, une question d’engagement

J’ai eu le plaisir de participer récemment à l’une de deux tables rondes portant sur le BIM (Building Information Modeling) au programme de l’événement Batimatech.

Le virage BIM qui s’amorce au Québec annonce des changements majeurs dans nos façons de concevoir et de réaliser des projets de construction. Les discussions ont permis de faire le point sur les avancées, mais également de faire ressortir certaines réticences au changement.

Avec un peu de recul, si je voulais résumer en un seul mot la clé pour assurer le succès du virage BIM au Québec, je dirais « engagement ».

On peut penser à l’engagement du gouvernement, qui s’est manifesté concrètement dans le dernier budget avec l’annonce d’investissements de 11 M$ sur cinq ans pour aider les entreprises du secteur de la construction à adopter le BIM.

On peut aussi penser à l’engagement des donneurs d’ouvrage, qui sont en mesure d’exiger des projets BIM à leurs fournisseurs. À ce niveau, la Société québécoise des infrastructures (SQI), la Ville de Québec et les aéroports ont été cités en exemple.

À la Ville de Québec, Louis Tremblay, responsable BIM, a expliqué que 5 projets de bâtiments neufs étaient présentement menés de front en mode BIM. Ce sont des projets de 10, 5 ou même 2 millions, donc à la portée de nombreuses firmes de professionnels et d’entrepreneurs. Je souligne l’approche intéressante de la Ville de Québec, qui a ouvert le marché en évitant de fixer des exigences sur l’expérience BIM dans ses appels d’offres, tout en s’assurant d’accompagner ses fournisseurs. Seule ombre au tableau selon Louis Tremblay : le contexte du plus bas soumissionnaire n’est pas l’idéal pour réaliser des projets BIM.

Par ailleurs, pour réussir le virage, il faut aussi l’engagement des architectes, ingénieurs et entrepreneurs, qui doivent investir l’argent et le temps nécessaires pour acquérir des équipements plus performants et faire évoluer leurs pratiques.

Certaines entreprises ont déjà entrepris la démarche, mais plusieurs autres sont plutôt au ralenti (des panélistes ont même parlé d’inertie)… Pourtant, les avantages du BIM sont nombreux et tous ceux qui ont fait le saut semblent unanimes pour dire qu’ils ne retourneraient pas en arrière.

Mais alors, pourquoi cette « réticence » de l’industrie? L’un des facteurs identifiés comme un frein à l’implantation du BIM est le manque de formation disponible. C’est vrai, même pour les ingénieurs. Aussi, plusieurs ne connaissent pas encore cette technologie, et demeurent avec la perception de quelque chose de trop gros et complexe. Ajoutons à cela la multitude de plateformes et de logiciels qui rend effectivement le choix difficile.

De plus, le processus BIM change énormément les canaux de communication. Avec la mise en commun de l’information, les canaux sont multidirectionnels : client, architecte, ingénieur, entrepreneur… tout le monde se parle. Il faut gérer adéquatement ces communications et la masse d’information disponible.

La transition vers le BIM implique également des changements majeurs au niveau des processus de travail. En ingénierie, par exemple, les concepteurs sont appelés à modifier leur approche de conception et travailler beaucoup plus tôt en collaboration avec les différents intervenants du projet … Et certaines habitudes de travail sont difficiles à changer!

Malgré tout, on réalise que l’industrie de la construction est en train de se prendre en main et que beaucoup d’acteurs sont prêts à investir les efforts nécessaires pour réaliser le virage numérique.

Dans le domaine du génie-conseil, je préside d’ailleurs un groupe de travail créé par le Comité Bâtiment de l’AFG, afin de mieux définir les différentes options de livrables dans le cadre de projets BIM et les impacts associés. Par exemple, les intrants requis au moment de la soumission, le niveau de coordination, les procédures, les standards, les formats de fichiers, les modes de réalisation, la portée de la modélisation et les particularités par discipline font partie des éléments analysés, pour en nommer seulement quelques-uns. Nous avons un groupe très dynamique, dont l’engagement démontre bien l’intérêt pour le BIM et la volonté des firmes de génie-conseil d’accélérer l’implantation du BIM au Québec.

 

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À propos de l’auteure : Geneviève Crête, chargée de projet BIM et responsable des solutions de gestion pour le secteur gestion de projet pour la firme d’ingénierie CIMA+. Pionnière dans l’industrie du BIM, elle a occupé plusieurs postes de gestionnaire BIM, autant au niveau des professionnels que du côté donneur d’ouvrage, sur différents mandats, dont plusieurs de grande envergure, en gestion de coordination ou en démarrage (PGB). Elle préside actuellement le Groupe de travail BIM de l’AFG.

 

Photo de couverture (de gauche à droite) : Lieu Dao, intégratrice BIM/VDC Sénior, Pomerleau; Geneviève Crête, Chargée de projet BIM/VDC – Responsable solution de gestion / Gestion de projet, CIMA+; Daniel Houle, Directeur BIM, Lemay; Louis Tremblay, responsable BIM, Ville de Québec; Jean-François Lapointe, Directeur Solutions BIM/VDC, BIM One.

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