Énergie : Ambition, pragmatisme et transparence

Énergie : Ambition, pragmatisme et transparence

Ambition, pragmatisme et transparence : voilà les trois thèmes élaborés avec justesse par Sophie Brochu, présidente et chef de la direction de Gaz Métro, lors de la conférence Les Affaires sur l’énergie, dont l’AFG était partenaire, et à laquelle j’ai assisté la semaine dernière.

D’une façon ou d’une autre, ce sont ces thèmes qui ont été abordés tout au cours de la journée par les autres conférenciers comme le Ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Arcand, qui s’apprête à dévoiler la nouvelle politique énergétique du gouvernement, ou l’incontournable Pierre-Olivier Pineau, professeur et titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal.

Dans son discours, Sophie Brochu affirme que l’énergie est le sang de l’économie, une composante fondamentale de la géopolitique mondiale, au cœur de l’identité québécoise et canadienne et l’enjeu central du plus important défi auquel fait face l’humanité, celui de la lutte aux changements climatiques. Selon elle, nous avons trois devoirs à assumer.

L’ambition : se mobiliser, être prêts à changer nos habitudes et à organiser différemment notre vie.

Le pragmatisme : il n’y a pas de solutions magiques ; revendiquer l’élimination pure et simple et immédiate du pétrole ne nous fait pas avancer; il faut se parler, trouver le terrain d’entente dans des forums comme l’alliance Switch, et reconnaître qu’il faut un ensemble de solutions, allant des grandes politiques gouvernementales aux petits gestes individuels, des transports publics à une nouvelle organisation du travail et des déplacements ; on doit miser sur l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables, comme le biométhane, et transformer le domaine des transports en s’attaquant au gros morceau, l’automobile personnelle, un des symboles du mode de vie nord-américain.

La transparence : une responsabilité qui incombe d’abord au gouvernement, mais à chacun de nous aussi comme citoyens ; le gouvernement doit avoir le courage de dire des choses impopulaires, comme le prix de la lutte contre les changements climatiques.

M. Pierre-Olivier Pineau, revenant sur la question de la transparence, estime que les gouvernements doivent améliorer les statistiques énergétiques, qui sont selon lui sont dans un piètre état au Québec. Par exemple, il faut savoir que sur 20 ans, le nombre de véhicules au Québec a augmenté de 45 % tandis que la population a connu une hausse de seulement 16 %. Pour prendre les meilleures décisions, il faudrait avoir ce genre de données pour mettre les enjeux énergétiques en perspective.

Autres statistiques intéressantes tirées de l’État de l’énergie au Québec 2016, rédigé par Johanne Whitmore et Pierre-Olivier Pineau. De 1997 et 2014, le poids moyen des véhicules personnels a augmenté de 18 % ; de 1990 à 2012, la taille moyenne des logements a augmenté de 17 %, ce qui annule presque tous les gains d’efficacité obtenus dans le secteur ; en 2013, plus de 50 % de l’énergie totale au Québec était perdue à cause des inefficacités du système énergétique et n’apportait aucune valeur ajoutée à l’économie. Le secteur du transport représentait 35 % de ces pertes comparativement à 19 % pour le secteur industriel et 11 % pour le secteur du bâtiment.

Une journée inspirante, donc, qui alimente la réflexion sur l’un des enjeux planétaires les plus importants et en même temps les plus complexes.

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